On Donne Ce Qu'on A

le riche au pauvre, au froid automne,
Jette l'or où brille l'espoir ;
Le mendiant lui fait l'aumône
Avec sa prière du soir !

L'Aube de sa paupière rose
Sur l'églantier épand ses pleurs :
L'églantier donne à l'aube éclose
Ses chants d'oiseau et ses senteurs

Au goëland rasant l'écume
La vague offre un nid de corail :
L'oiseau laisse une blanche plume
Au flot que fend son bec d'émail.

Le peu qu'il a chacun le donne !
Enfant, c'est un baiser rieur :
Amant, des lilas en couronne :
Poëte, un écho de son coeur !

Mallarmé
Sorry, your browser doesn't support Java(tm).
Acis et Galatée, Jardin du Luxembourg

Voulant encourager ses aurores charmées,
Le soleil, qui vous remarquait et vous baisa,
Laissa sur votre peau ses teintes plus aimées,
pour poser ses rayons qu'aux reines il lança!

De larges papillons aux ailes imprimées,
Laquais trop effrontés qu'un vent jaloux chassa,
Sans répondre à l'élan des roses alarmées,
S'envolèrent désorbités de ci, de là...

Respirai-je la fleur par le soleil élue,
Rayonnante aux jardins enfiévrés de chaleur,
Déplorant le conseil d'une sainte mévue,

Car le soleil, jaloux du poète voleur,
A lâchement placé, sentinelle imprévue,
Qui veillait, le serpent-minute dans la fleur.


H.J.-M. Levet

Sommaire