Quand l'aimable Philis autrefois si farouche,
Permets que je la baise et me baise à mon tour,
Mon Dieu que ses faveurs embellissent sa bouche,
Et que sa belle bouche oblige mon amour !

C'est une riche conque où la perle se range,
C'est un antre semé de rubis et de fleurs,
Un vase corail, qui recèle une eau d'ange,
Dont mon sein embrasé tempère ses chaleurs.

Dédale des esprits, petit gouffre de flammes,
Où séjournent les ris, les attraits et les jeux,
Douce prison des coeurs, riche tombeau des âmes,
Que je vous dois d'encens, d'offrandes et de voeux !

Ce cinabre vivant, cette rose sensible,
Ce mobile corail, et ce pourpre animé,
Ne sont plus à mes yeux qu'une marque visible
Du feu, dont le dedans est si fort allumé...

Claude de Malville



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