Je sais qu'à ton désir tu t'es abandonnée.
Je sais que ses baisers ont marbré ton cou nu.
Qu'importe ! Je me suis en toi-même incarnée,
Et que t'a-t-il donné qui ne me fût rendu ?
Au sommet de l'amour il ne pouvait atteindre
Sans évoquer l'image absente qu'il gardait.
C'est moi qui lui donnais la force de t'étreindre,
En ta personne, enfin, c'est moi qu'il possédait !
Et c'est là mon triomphe et c'est là le mystère
D'un simulacre vain qui suffit à ton coeur.
Mais tu restes mon ombre et tu n'es que le verre
Où, s'il a soif, il boit l'amour en mon honneur.