L'EMBRASSEMENT



Embrassement ou heureuse accollée
D'une moytié à sa moytié collée,
Qu'un bras vainqueur et vaincu va pressant,
Deux blancs coustaux d'un effort repressant,
Et qui estraint l'albastre et le porphire
Sous le souspir d'un languissant Zephire.
   Embrassement d'une alleine embasmée
Qui rend la bouche et ravie et pasmée,
Dessous le clos d'un cristal descouvert,
   Embrassement de beuax longs dois polys
Et de la main plus blanche que le lis,
Qui, frétillant dans la neige et l'yvoire,
Le cueur chatouille à sa future gloire,
Lequel pressé doucement se debat,
Impatient de la fin du combat,
   Embrassement de roses séparées,
Où vont errant deux ames esgarées,
De corps en corps sur les flammes d'Amour,
Estant souvent tardives du retour,
   Embrassement de deux pilliers de marbre
entrelassez comme la vigne à l'arbre,
S'entreserrans, et plus estroitement
Que le lierre au plus vieux bastiment.  

   Embrassement sous une luite douce
D'un flanc constant patient qu'on le pousse,
Et qui estaient l'ardent feu du desir
D'un autre feu par un commun plaisir,
   Embrassement de deux claires estoilles
De ça et là errantes sous deux voyles, 
Qui en la fin se perdent doucement
Avec l'esprit plein de contentement.
Embrassement pudique et solennel,
Embrasse moy d'un lien eternel !

       Maclou de la Haye
       alias Louise Labe



          LE...
Petit mouflard, petit... rebondy
Petit connin plus que levrier hardy,
Plus que Lyon au combat courageux,
Agille et prompt en tes follastres jeux
Plus que le Singe ou le jeune Chaton,
Connin vestu de ton poil folaston,
Plus riche que la toison de Colcos,
Connin grasset, sans arestes, sans os,
Friant morceau de nayfve bonté,
O joly... bien assis, hault monté
Loing de danger et bruit de ton voisin,
Qu'on ne prendroit jamais pour ton cousin,
Bien embouché d'un bouton vermeillet
Ou d'un Rubis servant de fermeillet,
Joinct et serré, fermé tant seullement
Que ta façon ou joly mouvement,
Soit le corps droict, assis, gambade, ou joue,
Si tu ne fais quelque amoureuse moue.
Source d'amour, fonteine de douceur,
Petit ruisseau appaisant toute ardeur,
Mal et langueur : ô lieu solacieux,
Et gracieux, séjour delicieux,
Voluptueux plus que tout autre au monde :
Petit sentier qui droict maine à la bonde
D'excellent bien, et souverain plaisir,
Heureux sera cil duquel le desir
Contenteras, qui prendra te pourra 
Et qui de toy plainement jouyra.

             Anonyme, alias Louise Labe
 

"Baise m'encor, rebaise moy et baise :/Donne m'en un de tes plus savoureux,/: Donne m'en un de tes plus amoureus:/ Je t'en rendrai quatre plus chaud que braise... (Cliquez donc ! Que diable !)

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