.... Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire Te ronge, quelque chose a gémi dans ton coeur ; Quelque amour t'est venu, comme on en voit sur terre, Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur. ... Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu. Eveillons au hasard les échos de ta vie, Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie, Et que ce soit un rêve, et le premier venu. Inventons quelque part des lieux où l'on oublie ; Partons, nous sommes seuls, l'univers est à nous.
... Ô poète ! un baiser, c'est moi qui te le donne. L'herbe que je voulais arracher de ce lieu, C'est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu. ... Rien ne nous si grands qu'une grande douleur. Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète ! Que ta voix ici-bas doive rester muette. Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
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