Montaigne : Essais, Livre 1, Chapitre 55 : Des senteurs.

...Les senteurs plus simples et naturelles
me semblent plus agréables. Et touche ce 
soin principalement les dames...
 Quelque odeur que ce soit, c'est 
merveille combien elle s'attache
à moi et combien j'ai la peau propre 
à s'en abreuver.
Celui qui se plaint de nature, de 
quoi elle a laissé l'homme sans 
instrument à porter les senteurs
au nez, a tort ; car elles se portent
elles-mêmes...

...Mais à moi, particulièrement, les moustaches,
que j'ai pleines, m'en servent. Si j'en approche 
mes gants ou mon mouchoir, l'odeur y tiendra tout 
un jour. Elles accusent le lieu d'où je viens.
Les étroits baisers de la jeunesse, savoureux,
gloutons et gluants, s'y collaient autrefois, 
et s'y tenaient plusieurs heures après....


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