Filles des baisers (suite) !


Martyre andalouse, ô femme stérile,
Tu ne connais pas les baisers farouches
Empreints du grand silence de la nuit
Et du rythme trouble de l'eau stagnante.


Tes cernes ne cessent de s'agrandir
Et tes cheveux noirs maintenant s'argentent,
tes seins odorants perdent leurs contours
Et déjà s'arrondit ton dos splendide.

O femme ardente, svelte et maternelle,
Vierge de douleur qui tiens enfoncées
Dans ton coeur désormais sans espérance
Toutes les étoiles du ciel profond,

Tu es le miroir d'une Andalousie
Souffrant de passions vastes et muettes
Qu'elle berce au souffle des éventails,
Sous ses mantilles recouvrant des gorges
Qui sont des frissons de sang et de neige,
-Rouges égratignures des regards-


Dans le brouillard d'automne, tu vas, vierge
Comme Inés, Cécile et la douce Claire,
Bacchante qui pourrais danser avec
Une couronne de pampre et de vigne.

(suite):