Dès qu'Iseut a entendu la nouvelle,
Elle devient muette de douleur. De sa mort elle si affligée,
Qu'elle va par les rues sans manteau
Devançant les autres jusqu'au palais
Les Bretons n'avaient jamais vu
Femme d'une beauté comme la sienne :
Ils se demandent par la cité
D'où elle vient, qui elle est.
Iseut va là où elle voit le corps
Et se tourne alors vers l'Orient
Puis elle prie pour lui tendrement :
"Ami Tristan, puisque je vous vois mort,
Je n'ai plus désormais de raison de vivre
Vous êtes mort pour l'amour de moi.
Et je meurs, ami, de tendresse
Puisque je n'ai pu venir à temps
Pour vous guérir vous et votre mal.
Ami, ami, à cause de votre mort

Je n'aurai plus aucun reconfort,...
Si j'étais arrivé à temps,
Je vous aurai rendu la vie,
Et vous aurais parlé doucement
De l'amour qu'il y eut entre nous ;
J'aurai pleuré notre aventure,
Notre joie, notre allégresse
Et la peine et la grande douleur
Qu'il y eut dans notre amour,
Je vous aurai rappelé tout cela,
En vous embrassant, en vous serrant dans mes bras...
Pour moi vous avez perdu la vie,
Et je ferai comme une amie véritable :
Pour vous je veux mourir également."
Elle l'embrasse et s'étend ainsi,
Lui embrasse les lèvres et le visage
Et le tient étroitement enlacé
Corps contre corps, lèvres contre lèvres,
Rend alors l'esprit
Et meurt à coté de Tristan mort
De douleur pour son ami.
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