Ma petite colombelle,
Ma petite toute belle,
Mon petit oeil, baisez-moi ;
D'une bouche toute pleine
d'amour, chassez-moi la peine
De mon amoureux émoi.
 
 

Quand je vous dirai : mignonne,
Approchez-vous, qu'on me donne
Neufs baisers tout la fois :
Donnez-m'en seulement trois,

Telle que Diane guerrière
Les donne à Phoebus son frère,
Et l'amour à son vieillard
Puis, reculez votre bouche,
Fuyez d'un pied fretillard.

Comme un taureau par la prée
Court après son amourée,
Ainsi tout plein de courroux
Je courrai fol après vous

 
Magnelli
 

Et puis d'une main forte
Vous tiendrai de telle sorte
Qu'un aigle un pigeon tremblant
Lors faisant de la modeste,
De me redonner le reste
Des baisers ferez semblant

Mais en vain serez pendante
Toute à mon col, attendante
(Tenant un peu l'oeil baissé)
Pardon de mon coeur blessé :

Car en lieu de six adoncque
J'en demanderai plus qu'onque
Tout le ciel d'étoile n'eut.
Plus que d'arène poussée
Aux bords, quand l'eau courroucée
Contre les rives s'émeut.

Ronsard
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