La jeune fille recula de deux ou
trois pas. Il n'y avait aucune
issue. Son dos toucha le mur
encrassé de suie.
-Hatsue ! cria le garçon.
-Saute par-dessus le feu. Si tu
sautes par-dessus..., dit la fille
d'une voix claire et forte.
Le garçon n'hésita pas. Le corps nu,
que la flamme illuminait, il prit
son élan sur la pointe des pieds
et bondit au travers du feu.
En un clin d'oeil il se trouva droit
en face de la fille. Sa poitrine toucha
légèrement les seins de Hatsue.
"C'était cette fermeté élastique que
j'imaginais l'autre jour sous le sweater
rouge", pensa le jeune homme troublé.
Tous deux s'enlacèrent. Hatsue la
première tomba mollement sur le sol.
-les aiguilles de pin font mal, dit-elle.
Shinji étendit la main vers la chemise
blanche et voulut l'étendre sous le dos
de la jeune fille. Elle l'en empêcha. |
Ses deux bras n'enlaçaient plus Shinji.
Remontant ses genoux elle fit une boule
de sa chemise et comme un enfant qui a
pris dans ses mains un insecte à un buisson,
elle protégea son corps. Ces mots qu'elle
prononça étaient pleins de vertu !:
-Il ne faut pas ! Une fille ne doit pas faire
cela avant de se marier !
Shinji décontenancé dit sans conviction :
-Ce n'est vraiment pas possible ?
-Ce n'est pas possible.
Tenant les yeux fermés, la jeune fille
dit posément sur un ton de conseil et de
consolation :
-Il ne faut pas maintenant. J'ai décidé
que c'est toi que j'épouserai et jusqu'à
notre mariage, ce n'est pas possible !
Le respect de Shinji pour les choses
de la morale s'était fait au hasard. De
plus comme il n'avait pas connu de femmes
auparavant, il crut toucher maintenant
le tréfonds de la morale féminine. Il
n'insista pas .
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Les bras du jeune homme enlaçaient toujours étroitement le corps de
la jeune fille. Chacun des deux sentait les battements du coeur de
l'autre.
Un long baiser tortura le garçon insatisfait, mais à partir de ce
moment la douleur fit place à un étrange bonheur.
De temps en temps le feu qui mourait crépitait encore un peu.
Ils entendaient ce bruit et le sifflement de la tempête frôlant
les hautes fenêtres se mêler aux battements de leurs coeurs. Il
semblait à Shinji que cette sensation incessante d'ivresse,
le fracas effrayant de la mer au-dehors, le bruit des branches
secouées par le vent, tout battait au même rythme violent que
la nature. Dans son émotion entrait le sentiment d'un bonheur pur
qui ne s'éteindrait jamais.
Le jeune homme éloigna son corps. Puis il dut d'une voix mâle et
tranquille :
-J'ai rammassé ce matin sur la plage un beau coquillage que je
t'ai apporté.
-Merci. Fais-le-moi voir.
Shinji retourna là où il avait jeté ses vêtements et commença
à s'en vêtir. A ce moment Hatsue passa doucement sa chemise puis
se vêtit entièrement.
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