Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles !
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles
Et je t'endormirai dans un rêve sans fin !"

Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête :
-"Je ne suis point ingrate et ne me repens pas ;
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiéte 
Comme après un nocturne et  terrible repas.


Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes 
Et de noirs bataillons de fantômes épars
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts. 

Avons nous donc commis une action étrange ?
Explique si tu peux mon trouble et mon effroi :
Je frissonne de peur quand tu me dis : Mon ange !
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.

Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée,
Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection,
Quand même tu serais une embûche dressée
Et le commencement de ma perdition !"

Delphine, secouant sa crinière tragique,
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique :
-"Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer ?

Maudit soit à jamais le rêveur inutile 
Qui voulut le premier, dans sa stupidité, 
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté !


Femmes damnées (suite)

Celui qui veut unir dans un accord mystique
L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour
Ne chauffera jamais son corps paralytique
A ce rouge soleil que l'on nomme l'amour !

Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ;
Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers ; 
Et pleine de remords et d'horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins  stigmatisés ;

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