Fille des baisers (suite) !

Si l'amour endormi touchait ton corps,
Cérès, tu donnerais tes épis d'or. 
Ainsi que la Vierge, tu pourrais faire
Jaillir de tes seins une voie lactée. 

Tu te flétriras comme un magnolia.
Nul ne baisera tes cuisses de braise. 
Tes cheveux ignoreront  les caresses
Qui les feraient vibrer
Comme les ondes d'une harpe. 

O puissante femme, ébène et jasmin,
Dont l'haleine à la fraîcheur des ombelles,
Vénus à la mantille, tu évoques
Le vin de Malaga et la guitare.

O cygne brun, qui nage sur un lac
Aux lotus en flèche, aux vagues d'oranges,
Aux oeillets rouges dont l'écume embaume
Les nids fanés abrités sous ton aile,





(suite):