D.H. LAWRENCE : L'amant de Lady Chatterley

 
Et il lui sembla qu'elle était comme la mer. Dans le reflux, elle comprit toute cette beauté. Maintenant tout son corps s'accrochait avec un tendre amour à l'homme inconnu et aveuglément, au pénis défaillant qui tendrement, faiblement, sans le savoir, se retirait, après le furieux assaut de sa puissance. Comme il se retirait, chose secrète et sensible, et abnadonnait son corps, elle poussa un cri inconscient, un cri de pure perte, et elle essaya de le remettre. ç'avait été si parfait ! Elle en avait eu tant de joie !
 
Et maintenant seule-ment, elle comprenait la petitesse du pénis, sa délicatesse, sa réti-cence de bourgeon ; et un petit cri d'émerveillement et de douleur lui échappa encore ; le cri de son coeur de femme émerveillé par la délicate fragilité de ce qui avait été la puissance.
-Que c'est beau ! gémit-elle. Que c'est bon !
 
Picasso
 
Mais il dit rien ; il l'embrassait seulement doucement, couché sans mouvement sur elle, et elle gémit avec une sorte de béati-tude, comme une victime, comme une chose qui vient de naître.
 
Et maintenant dans son coeur s'éveillait l'étrange émerveillement qu'elle avait de lui. Un homme ! L'étrange puissance de la virilité sur elle ! Ses mains erraient sur lui, encore un peu craintives devant cette chose étrange, hostile, légèrement repoussante qu'il avait été pour elle : un homme. Et maintenant elle le touchait, et c'étaient les fils de Dieu avec les filles des hommes. Qu'il était beau et charmant, fort, et pourtant délicat ! Quelle immobilité du corps sensible ! Quelle absolue immobilité, l'immobilité de la puissance et de la chair délicate. Qu'il était beau ! Elle lui glissa craintivement les mains le long du dos jusqu'aux globes doux et serrés des fesses. Beauté ! Quelle beauté !

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