Le baiser de cinéma, le baiser au cinéma
Le piano commença à jouer. La lumière s'éteignit. Suzanne se sentit invisible, invincible, et se mit à pleurer de plaisir. C'était l'oasis, la salle noire de l'après-midi, la nuit des solitaires, la nuit artificielle et démocratique, la grande nuit égalitaire du cinéma, plus vraie que la vraie nuit, plus ravissante, plus consolante que toutes les vraies nuits, la nuit choisie, ouverte à tous, offerte à tous, plus généreuse, plus dispensatrice de bienfaits que toutes les institutions de charité et que toutes les églises, la nuit où se consolent toutes les hontes, où vont se perdre tous les désespoirs, et où se lave toute la jeunesse de l'affreuse crasse d'adolescence...


-T'as de beaux yeux ! tu sais
-Embrasse-moi !